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Qui étiez-vous Mme Bovary ?

Conférence du 29 janvier 2024 du docteur Michel Migueres



Le 29 janvier 2024, le Docteur Michel Migueres nous a présenté une critique littéraire particulièrement intéressante et approfondie de l’œuvre de Gustave Flaubert : Mme Bovary.


Conférence Dr Michel Migueres sur Mme Bovary
Docteur Michel Migueres

De l’étude d’un fait divers banal (un adultère dans un bourg de province), Flaubert a fait un chef-d’œuvre qui occupe une place majeure dans la littérature française et qui a préfiguré le roman moderne.


La vie d’Emma Bovary se déroule dans un espace étroit ; elle a lu beaucoup de textes qui l’ont faite rêver et vivre dans l’imaginaire ; désireuse de quitter au plus vite sa ferme familiale, à la fois consumériste (avide de nouveautés, de livres, de vêtements que lui procure M. Lheureux), féministe (dominant son mari, son amant), son existence mêle réalisme et romantisme et définit ce qui est appelé depuis lors le « Bovarisme » (analogie avec le « Don Juanisme » et le « Don Quichottisme »).


L’opinion de l’auteur concernant le comportement de son héroïne n’apparait pas ; nulle part n’est réprouvé l’adultère ; il n’y a pas de repère concernant les valeurs morales.


À sa sortie en 1856, le succès fut considérable tenant peut-être plus à l’immoralité de Mme Bovary qu’aux qualités littéraires du livre. Blamé dans un premier temps au cours d’un procès par M. Pinard, procureur impérial, il fut par la suite acquitté. Baudelaire, Victor Hugo l’acclamèrent et aussi Monseigneur Dupanloup qui « ayant beaucoup confessé en province » souligna la justesse de la description et de l’analyse de la vie d’Emma Bovary…


Flaubert s’intéressait avant tout au style ; revenant sans cesse sur son ouvrage, il mit 5 ans à le terminer (« écriture à programme » s’opposant à « l’écriture à processus » de Stendhal qui mit 52 jours seulement pour écrire « La chartreuse de Parme »). Flaubert était riche et pouvait prendre son temps pour écrire, relire, raturer, et déclamer dans le « Gueuloir » ses phrases ciselées de prose-poésie. On retrouve dans son ouvrage des figures de style à souligner : le contrepoint c’est-à-dire la description dans le même temps de 2 situations indépendantes qui s’entrecroisent, le discours indirect libre inspiré de La Fontaine qui donne à la fois le point de vue du narrateur et du héros, les textes en italique pour conspuer les lieux communs, temples de la bêtise que détestait Flaubert, la pauvreté voulue des métaphores pour mieux décrire la personnalité ordinaire d’acteurs ordinaires, de gens « sans qualité ».


On connait surtout Flaubert, homme très réservé, par sa riche correspondance avec Louise Colet en particulier ; on sait ainsi que pour lui, écrire était une « orgie perpétuelle », titre repris par Mario Vargas Llosa sur un ouvrage qui lui est consacré. À lire aussi d’après Michel Miguérès : « le perroquet de Flaubert » de Julian Barnès.

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